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Et quel script. Après un voyage de plaisance sur une des îles aperçues dans les épisodes 1 et 2, Téa Léoni est dans l'avion du retour aux côtés de son époux, elle sirote un cocktail avec un masque de nuit sur les yeux et les doigts de pieds en éventail sur le tableau de bord quand soudain c'est le flash, ils ont oublié leur fils Kevin, 1m32, 8 ans et demi, toutes ses dents, sur l'île infestée de dinosaures. Mais ça ils ne le savent pas encore puisque par un heureux hasard ils n'ont jamais fait la rencontre fortuite de la moindre trace de dinosaure sur cette minuscule péninsule durant la totalité de leurs 6 mois de vacances. Parfois le hasard fait bien les choses. Parfois pas, comme quand le hasard a voulu que cette jeune maman pense à foutre son clebs dans l'avion du retour et pas Kévin, son fils unique. Ou quand ce même hasard a voulu que l'actrice pense à foutre un short pour le tournage. Ni quand le hasard a fait que, par souci d'économie, le couple de vacanciers a décidé de ne pas engager de pilotes pour piloter l'avion, préférant le programmer à l'avance et le laisser les guider jusqu'à Seattle en pilotage automatique. C'est ce hasard-là qui empêchera le couple de faire demi-tour pour récupérer le gamin. Six ans plus tard jour pour jour, les deux amants ont réuni assez de fonds pour se payer un second voyage et enfin remettre la main sur leur cher et tendre. Mais pas question d'y aller seuls, ils doivent se munir d'un spécialiste en dinosaures au cas où il y en aurait sur l'île (ce qu'ils ne savent pas encore à ce moment du film, c'est une pure spéculation, une simple précaution). Ce spécialiste c'est Alan Grant (Sam Neill), le personnage principal du premier Jurassic Park.
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S'ensuit une scène de 39 minutes dans un bar, un bouge du Bouroundi, belle région d'Afrique, dans laquelle Alan Grant refuse catégoriquement leur offre. Il réfute tous leurs arguments. Il affirme même "s'en battre l'œil" de leur enfant chéri. Plus jamais il ne remettra un pied sur une île possiblement peuplée de dinosaures, il en a trop chié dans le premier numéro de la série, il a failli y perdre ses guiboles plus d'une fois, ils peuvent insister à jamais il n'y a aucune sorte de chance pour qu'il accepte leur requête. Et puis, 39 longues minutes plus tard, il suffira que le père de Kévin aligne son chéquier sur la table et lui offre 100 dollars pour qu'Alan Grant se ravise et accepte de venir avec eux. D'après Steven Spielberg cette séquence d'envergure serait une allégorie du repas qu'il aurait fait avec Sam Neill quelques jours avant le tournage pour le convaincre de jouer dans le film. À la suite de cette séquence couperet on retrouve Alan Grant dans le jet privé qui conduit les trois protagonistes vers l'île de malheur. Alors, pour nous donner une idée de la terreur qui envahit le professeur Grant à l'approche de l'île des T-Rex, Joe Johnston a recours à un vieux truc, le cauchemar. Sauf que faute de moyen, ou pris de génie, Joe décide de ne pas nous montrer le cauchemar, il se contente d'un long plan fixe sur Sam Neill qui gigote en dormant dans son fauteuil avant de se réveiller en sursaut. L'effet est garanti, on est dans le feu de l'action.
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Et pas des moindres puisque dès le débarquement sur l'île, c'est l'arrivée du fameux tyrannosaure Rex. On a déjà vu ça dans le 1 et dans le 2 me direz-vous. Eh bien Josh Johnston a pensé comme vous. Alors arrive un autre dinosaure, bien plus laid et un poil plus grand, et qui après un sauvage combat terrasse le Tyrannosaurus, celui qui autrefois nous fit tant rêver (comme s'il fallait décidément briser tout ce que le premier film de Spielberg avait bâti, avec pour ligne de mire la loi du "bigger, stronger, uglier"). Et, encore une fois par manque de financements, Dennis Muren, le chef des effets spéciaux attitré de Spielberg, a décidé de reprendre de vieilles maquettes technétroniques pour créer cette bête. C'est ce qu'avait fait Jean-Pierre Jeunet dans Alien 4 où il avait récupéré la reine Alien en plastique grandeur nature qui avait servi dans l'épisode 2 par esprit d'économie. Sauf qu'ici il ne s'agit pas de réutiliser une bête déjà filmée mais bien d'en créer une nouvelle. Qui s'étonnera donc que Dennis Muren ait assemblé des morceaux du T-Rex de Jurassic Park 1 avec des bouts de "Bruce", le gros requin animatronique des Dents de la mer, ce grand requin hideux que Spielberg, contrairement aux gens d'Amblin, surnommait "La grande merde blanche". Les plus aguerris sauront aussi distinguer dans ce grand merdier qu'est ce nouveau dinosaure de pacotille le crochet du capitaine Crochet dans Hook, l'arche perdue d'Indiana Jones à la recherche de l'arche perdue, retrouvée au dernier moment dans le cagibi de Vilmos Zsigmond, le directeur de la photo de la trilogie Indiana Jones, mais aussi le fauteuil à bascule de Woopy Goldberg dans La Couleur pourpre ou encore la voiture rouge en panne de Duel.
C'est pas la dernière des déceptions dans ce film. Très vite les sauveurs retrouvent leur enfant, qui depuis six ans n'a pas grandi d'un centimètre et vit terré sous une racine de peuplier, se nourrissant exclusivement de terre et sortant régulièrement vainqueur des assauts répétés des dinosaures les plus carnassiers et les plus féroces qui s'acharnent de génération en génération à l'extirper de son abri de fortune à coups de bec. L'ayant enfin retrouvé, ses parents, toujours accompagnés du Professeur Grant, s'invitent dans son trou à rat. Le gosse, serein, s'extasie de rencontrer Alan Grant dont il a lu tous les bouquins sur les dinosaures, qui l'ont passionné. Parce que la passion de ce gosse c'est les dinosaures et ces six années de merde passées sous une grosse branche d'arbre à repousser les gueules pleines de crocs de ses nouveaux potes carnivores du bout de ses tennis Adidas n'ont pas suffi à le détourner de son goût pour le Jurassique. Alors pour coller au budget draconien imposé par Spielberg, Joe Johnston décide de copier coller des scènes de Jurassic Park 1 où le petit Timmy faisait chier Grant avec ses bouquins sur les dinos, et on n'est pas dupes. On aimerait être dupe, on aimerait fermer les yeux là-dessus, mais ça n'est pas possible parce que ça fusille les paupières avant de fumer la rétine. C'est gros comme le nez au milieu de la façade.
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Et on n'est pas arrivé au bout de ses surprises. Vient une scène d'action interminable quoique haletante dans laquelle les 4 personnages sont repérés au bord d'une falaise par des ptérodactyles à cause de la sonnerie du mobile de Téa Léoni. Attention, pas le téléphone portable du personnage, qui n'est pas censé en avoir un à ce moment là du film, on parle bien ici du téléphone cellulaire de Téa Léoni l'actrice. Certains parleront de goof, je resterai mesuré. Bref, encore une fois Dennis Muren n'a pas eu les fonds nécessaires alloués habituellement aux effets numériques de post-production et l'on est consterné d'admirer ces ptérodactyles, certes nouveaux dans la série Jurassic Park, mais désespérément inachevés. On a sous les yeux l'armature informatique des ptérodactyles, leur ossature numérique vert fluo, des barres vertes supposées reliant les contours des animaux pour coordonner leurs mouvements informatiquement. Mais l'habillage n'a pas été finalisé et il part en guenilles. Point de texture, point de peau pour donner corps à ces bestiaux sur nos écrans, point de vraisemblance. C'est un fiasco.
Je vous épargnerai la suite des évènements. Dîtes-vous simplement que pour marquer une évolution dans la trilogie Joe Johnston a décidé de doter ses raptors d'un don qu'ils n'ont jamais eu et ça tous les livres d'histoire s'accordent à le dire : la parole. Ainsi vous faudra-t-il accepter de voir ces vélocipédiques entamer des discussions durables dans un français irréprochable. De même seuls les plus coriaces d'entre vous tiendront jusqu'au bout pour voir plusieurs divisions de l'armée des États-Unis débarquer sur l'île pour sauver nos quatre daredevils. Seuls les plus naïfs d'entre vous ne reconnaîtront pas la séquence d'ouverture de 39 minutes d'Il faut sauver le soldat Ryan et son débarquement sur la plage Omaha le 6 juin 44 collée là discretos. Seuls les plus cons ne s'étonneront pas de voir Tom Hanks et Vin Diesel tuer des soldats de la Wehrmacht avec leurs mitraillettes Tompson en guise de conclusion à ce sombre épisode d'une trilogie qui aura décliné d'épisode en épisode pour partir du sommet et arriver à des frasques sans pareilles dans l'histoire du tout hollywood.
Je viens d'apprendre que Joe Johnston prépare le 4ème film de ce qui sera donc tragiquement une tétralogie.
Jurassic Park III de Joe Johnston avec Sam Neil et Téa Léoni (2001)